Les soft skills (définies comme les compétences comportementales et capacités relationnelles) sont aujourd’hui très regardées et de plus en plus prises en compte dans les processus de recrutement (62 % des managers se déclarent prêts à recruter un futur collaborateur « sur ses soft skills ») mais quand on étudie celles qui sont citées (que ce soit sur les annonces de recrutement, les sites internet corporate des entreprises ou encore les profils LinkedIn), on trouve rarement l’altruisme. Une analyse récente de Wesuggest indiquait que le top 3 des soft skills pour 2021 est le suivant : coopération, adaptabilité et communication. Il me semble pour aller plus loin et ainsi se différencier que l’altruisme constitue une soft skill d’avenir que les entreprises devraient rechercher chez leurs futurs talents.
Dans un 1er temps, je ferais un point sur les facteurs d’évolution des soft skills nécessaires à l’entreprise de demain, dans un 2ème temps, je présenterais cette valeur l’altruisme et en conclusion je montrerais en quoi cette dernière sera source de valeur ajoutée pour une entreprise qui la promeut dans le recrutement de ses talents et en interne.
1.Les facteurs d’évolution des soft skills
Je me souviens il y a une vingtaine d’année de discours d’étudiants d’écoles de commerce “prêts à tout” pour réussir. Il me semble qu’aujourd’hui ce type de discours n’a plus cours. Cette évolution s’explique, selon moi, par plusieurs facteurs :
-la montée de la RSE dans les entreprises ces dernières années avec la prise en compte des attentes des parties prenantes est un premier facteur d’évolution du regard sur les compétences. La montée en puissance de la question du bien-être au travail a aussi rebalayé le profil idéal du manager. Des études telles celle de Warwick montrant une productivité améliorée lorsque les équipes sont heureuses (+12%) ont permis la démocratisation de plans d’action pour développer le bien-être au travail. Même si nous pouvons parfois nous interroger sur la sincérité de telles démarches, elles permettent cependant aux entreprises d’instaurer un dialogue sur ces questions, de créer une prise de conscience des axes d’amélioration et in fine d’améliorer le plus souvent le bien-être global des collaborateurs.
-l’arrivée dans les entreprises de la génération Z, plus soucieuse d’un équilibre vie privée/vie professionnelle et à la recherche d’un impact positif à travers son travail constitue un 2ème facteur majeur pour les années à venir.
-les réflexions sur l’intelligence collective ont aussi joué un rôle. Pour bien remplir ses missions, chaque collaborateur doit jouer collectif. Il est ainsi souvent question d’”esprit collectif” ou de “team player” dans les compétences recherchées dans les descriptifs de poste. L’open innovation encourage aussi les entreprises à partager et à s’inscrire dans des démarches de partenariats véritables.
-la pandémie a accéléré la crise des valeurs en récompensant les comportements
humanistes/altruistes et en révélant en creux les comportements moins nobles de certains.
2-L’altruisme, la soft skill de demain
De nombreux livres de management ont promu il y a quelques années la gentillesse au travail.
Un récent article de la Harvard Business Review intitulé « Don’t underestimate the power of kindness at work » mettait ainsi en avant les vertus de la gentillesse au travail. Les trois chercheurs démontraient que recevoir un compliment, des mots de reconnaissance et des éloges peut aider les individus à se sentir plus épanouis, à renforcer leur estime de soi, à améliorer leur autoévaluation et à déclencher des émotions positives. Les gentils cherchent à faire le bien selon une éthique forte, ce qui en font des leaders inspirants. Au sein d’une organisation, cela conduit à une culture de générosité dans une organisation.
La notion de bienveillance a été aussi largement diffusée, débattue et même souvent moquée.
L’altruisme représente selon moi une soft skill plus puissante.
Revenons à la définition de l’altruisme. Le Larousse nous donne la définition suivante : “souci désintéressé du bien d’autrui”. Au vu de cette définition, nous pourrions challenger la possibilité même de l’altruisme dans une entreprise sachant que la plupart d’entre elles sont mues par une finalité économique. Cependant nous avons vu ces dernières années se développer les concepts d’entreprises à mission, de raison d’être, des labellisations telles que B-Corp ou ESUS qui permettent ainsi aux entreprises de concilier enjeux économiques et finalités sociétale et/ou environnementale. Yannick Alain, entrepreneur cité dans un article des Echos de Florent vairet dit aussi justement « Ce n’est pas parce que je vends que je ne peux pas faire preuve de générosité et agir avec une intention profondément altruiste !”. La notion d’”intention altruiste” sera donc à considérer.
3-L’altruisme et ses impacts sur l’entreprise
Les personnes altruistes nourrissent ainsi par leurs actions leur recherche de sens et développent une image positive de soi. Epanouies, elles pourront donc s’avérer plus résilientes et moins déstabilisées au travail.
Elles contribuent ainsi à créer un environnement de travail positif et collaboratif où règnent transparence et confiance. Un cercle vertueux est ainsi initié et une culture de générosité pourra ainsi émerger dans l’organisation.
Plus d’échanges, de communication et d’entraide pourront permettre de faire émerger des idées positives et différenciantes pour l’entreprise.
En synthèse, j’encourage les entreprises et recruteurs à rechercher l’altruisme chez leurs futurs talents. J’ai observé que peu de templates d’entretiens annuels s’arrêtent sur l’évaluation des soft skills. Ils devront donc évoluer pour mieux encourager les comportements positifs et altruistes.